Jura-Poitou, vélo et copains. Août 2020

La première quinzaine d'août, mes petits cyclistes étant avec leur mère, j'envisageais une traversée du Massif Central par la route, longeant au plus près le parcours de la GTMC. C'est partie remise, ou peut-être choisirais-je de le faire sur le parcours tout-terrain quand je serais équipé pour le faire. En effet, un copain poitevin qui s'est mis au vélo grâce à un vélo cargo à assistance électrique, venait de s'offrir un gravel et voulait pédaler dans le Morvan et/ou le Jura. C'est là que jaillis l'idée : J'allais me rendre chez lui avec ma bicyclette et nous ferions le retour en voiture en faisant quelques pauses chez des amis, autour de chez qui nous ferions quelques petites balades. L'affaire étant bouclée, je chargeais mon destrier et c'est le vendredi 31 août, à 21h30, que je l'enfourchais pour profiter des heures plus fraîches de la nuit.
Le ciel était bleu et je rejoignais assez rapidement la voie PLM qui me permettrais de rejoindre Lons-le-Saunier. Une fois la nuit tombée, voici que le vent se renforce et que l'horizon se zèbre d'éclairs. Je continue mon chemin en me disant que je verrais bien et trouverais sûrement un abri de fortune où étendre mon sac de couchage. Dans la lumière de mon feu, j'aperçois, lapins, lièvres, blaireaux et une chouette qui s'envole à mon passage. Quel bonheur que de rouler de nuit !
Une fois la préfecture jurassienne traversée, je m'engage sur la Voie Bressane qui me conduit à Louhans où je m'offre un café et un Perrier. 


Le ciel est encore traversé d'éclairs lointains et le vent toujours fort et plutôt dans mon nez. Je repars, traversant quelques villages bressans.


 Puis traversant la Saône là où 15 jours plus tôt je la passais avec mes petits lardons.


 Vers 2h, 2h30, à Sennecey le Grand, j'avise un lavoir et me dis qu'en cas d'orage, il pourrait me servir d'abri. J'installe donc mon bivouac à côté et me laisse glisser dans un sommeil réparateur qui n'eut pas le temps de l'être puisque deux jeunes filles se mettent à papoter à quelques mètres au moment pile où je sombrais avant que d'autres jeunes augmentent encore le volume sonore. Pas de bol, la maison près du lavoir abritait une fête et la lourdeur du climat incitait les fêtards à ouvrir les fenêtres. C'est donc en mode demi-sommeil que je me reposais heures avant de me remettre en route. 

Je peux difficilement commencer le récit de ma deuxième étape par "le lendemain matin". Il n'empêche que bien avant le lever du jour, j'avais de nouveau le cul sur la selle, et traçait de nouveau droit vers l'ouest afin de bien constater la dominance du vent en France. J'assistais au lever du jour en pédalant sur un terrain relativement facile et après une vingtaine de kilomètres, je faisais un petit crochet à Saint-Gengoux le National où je comptais bien trouver de quoi déjeuner. J'arrivais un peu tôt pour les boulangers locaux mais, instruit par mes mésaventures ardéchoises, je décidais de prendre mon mal en patience pour me remplir l'estomac. Des toilettes publiques m'offraient un petit lavabo pour un brin de toilette. J'en profitais aussi pour faire une petite visite dans l'église et les rues de la vieille ville. Une fois avalé mes viennoiseries et mon café, je pouvais aller affronter le relief charollais. 


Pour relier Digoin, j'allais un peu transpirer, entre bocage et plantations de douglas, dans un charollais où les belles pierres ne manquent pas, mais qui ne laissait, par ces temps de sécheresses à répétition, que bien peu à manger à ses bovins emblématiques.

 



 Je sais pas si c'est mon chargement ou la nuit courte, ou les deux, mais même si les reliefs ne sont guère impressionnants, ils puisèrent dans mes forces et je fus bien content d'atteindre, vers midi, Digoin et son fameux pont canal, où je me restaurais en cherchant l'ombre pour échapper un peu à la chaleur accablante. 


Une fois rassasié, je posais mes roues sur la voie verte qui relie Digoin à Diou en suivant le chemin de halage du canal latéral à la Loire et qui constitue une portion de l'EV6. Je trouvais assez vite un coin ombragé entre des peupliers et un gros chêne de haie où j'étendais ma bâche pour une petite sieste réparatrice avant de reprendre une voie verte assez roulante et pas désagréable. Après Diou, j'arrivais à Dompierre sur Besbre où je pus m'attabler à la terrasse d'un café pour me réhydrater avec quelques bulles et des glaçons. A 18 heures, j'étais à Moulins, où, chat échaudé craint l'eau froide, je me lestais l'estomac d'un kebab. Comme j'étais bien décidé à parcourir mon premier 200, je notais qu'il me restait encore une cinquantaine de kilomètres à rouler.


Bourbon l'Archambault, où je devais faire tamponner mon carton des BPF de l'Allier, me faisais une étape à mi-chemin. Très joli petite bourgade aux vestiges médiévaux et offrant des rues peu amicales aux cyclistes. Je remangeais un morceau. Et repris la route dans la lumière du crépuscule. J'arrivais de nuit à Cérilly où j'avisais un hôtel en notant que mon GPS n'indiquait que 198km. Je me payais donc un petit tour de pâté de maison afin de voir un chiffre rond et conforme à mon objectif s'afficher. Où se loge l'orgueil tout de même. Une fois ces obligations effectuées, j'allais voir le patron pour lui demander une chambre qu'il n'avait pas. Pas bien grave, j'allais bivouaquer, mais ces tours de pâté de maison devenaient encore plus absurdes. Deux Perriers glacés plus tard, pour digérer la mésaventure, je repartais à la lumière de mon phare et trouvais, 4 ou 5 km plus loin, l'entrée d'un champ entouré d'une haute haie qui allait me permettre une nuit enfin reposante.


 Je vais vous faire un aveu, dans un champ sans voisins, on dort nettement mieux. Je m'éveillais peu après le point du jour et pliais mes affaires. En regardant mon itinéraire, j'envisageais que Urçay serait dotée d'un café et d'une boulangerie où je pourrais me poser avant de franchir le Cher et de quitter le Bourbonnais pour le Berry. 



Je partais donc, requinqué, traversant les superbes chênaies de Tronçais, où des chênes élancés dressent des fûts magnifiques à mes yeux d'ancien bûcheron. Quelques chevreuils croisèrent également ma route et j'arrivais tranquillement à Urçay où de café il n'y avait point. Pas grave. J'attendrais Chateaumeillant où je devais faire tamponner mon carton. Je franchis alors le Cher et après quelques efforts j'arrivais à Saulzais le Potier, charmant village comptant une boulangerie, d'une épicerie et d'un sympathique café, sur une grande table duquel se retrouvaient une bande de joyeux retraités attablés pour le café. Je pris mon café en terrasse, rejoint par deux fêtards aux yeux rougis qui déjeunaient d'un demi et avec lesquels nous fîmes causette.
Puis je repris la route, dans ce paysage de champs et de grands parc forestiers autour de châteaux et manoirs, me régalant encore de ces futaies de chênes. Arrivé à Chateaumeillant, je me réjouis d'avoir eu la bonne idée de m'arrêter à Saulzais, puisqu'il n'y avait aucun café ouvert. Je continuais à pédaler à travers le Berry quittant le Saint-Amandois pour le Boischaut que je connaissais mieux, ayant un peu traîné mes guêtres dans le secteur à l'occasion des Rencontres de Luthiers à Saint-Chartier puis au Château d'Ars. Cette campagne bocagère est superbe et mon planificateur d'itinéraire me fit prendre quelques chemins blancs pour mon plus grand plaisir.




A midi, j'étais à la Châtre, profitant des services de cette petite ville pour me restaurer.
Après manger, je reprenais la route et roulais sans arrêts jusqu'à Argenton sur Creuse où je trouvais une terrasse accueillante et bondée pour me rafraîchir un peu. Je gardais encore espoir de gagner Poitiers le soir même, mais je commençais à avoir de sérieux doutes. J'avais vu que mon itinéraire me faisait emprunter une voie verte peu après Argenton, plus exactement entre Thenay et Le Blanc, afin d'éviter la D951 et sont intense trafic routier. Hélas, cette voie verte n'offre qu'une bande bitumée où il est difficile de croiser ou doubler les nombreux vélos, piétons et autres usagers. De plus les croisements sont entravés par des barrières à peine ouvertes dont le franchissement oblige fréquemment à mettre le pied au sol et donc à beaucoup relancer. Bref, la prochaine fois, je chercherais une autre option.Vers 19h, j'étais au Blanc, où une petite supérette me permit d'acheter quelques vivres. J'abandonnais l'idée de rejoindre Poitiers, reprenait la voie verte qui relie Le Blanc à Ingrandes. Elle n'est pas terminée et prend finalement l'allure d'un chemin sablonneux enherbé. Je fis étape à Concrémiers où j'avais repéré une rivière, l'Anglin. Des toilettes publiques et leur lavabo abritèrent mes ablutions pour un bon décrassage et j'allais établir mon bivouac au bord de la rivière alors qu'il faisait encore jour.
Couché tôt, tôt levé, il faisait encore nuit quand je repris mon périple et c'est à la lumière de mon phare que je recherchais la voie verte. Après quelques tours et détours, je remis mes routes sur cette piste un peu sablonneuse. D'abord deux traces séparées par une bande enherbée, puis une seule trace au milieu de l'herbe. Approchant d'Ingrandes, la trace s'encombre de pousses d'arbres et d'épines alors que j'entends assez proche le son d'une radio. Je descends de vélo et le pousse, débouchant sur un talus barré d'épines et d'un grillage à moutons. Demi tour donc, et je finis par trouver une route. Un peu plus loin, le GPS cherche à me renvoyer sur une voie verte qui, je le découvrirais après, reprend après Ingrandes, mais je n'ai plus trop confiance et cherche à rejoindre Saint Savin par la route. La ballade est agréable mais peu après avoir passé la limite entre l'ndre et la Vienne, je m'aperçois de la crevaison de ma roue avant. Je démonte, trouve le trou et me saisis de mes rustines. Hélas, parti un peu précipitamment le vendredi, j'ai pris la boîte de rustine dans laquelle la colle était foutue. Mais prévoyant, j'avais aussi pris une chambre à air. Hélas en 26 pouces pas en 28. Le boulet!
Je suis à 6 ou 7 km de Saint-Savin, où j'ai vu qu'un supermarché pourrait peut-être vendre des rustines. Je commence à pousser, croisant un groupe de cyclos que je salue mais qui ne jugent pas bon de s'arrêter, bien que j'en entendis un dire à ses camarades que j'étais crevé à l'avant. Ces sémillants sexagénaires ne voulaient peut-être pas casser leur moyenne. :D
Arrivé à Saint-Savin, je trouve des rustines et m'attelle de nouveau à réparer. Un gars affairé à taper la manche entreprend la conversation. Je m'y lance et rate ma réparation une ou deux fois. Je finis par lâcher l'affaire, appelle mon pote qui me rejoint au resto avant que nous rejoignons Poitiers pour une bière à la Cyclerie Café, bouclard sympa où j'investis dans deux chambres à air. Je réparerai l'autre au calme chez moi.

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