Les 7 Majeurs, une tentative en 48 heures. Jour 1

Les 7 Majeurs sont un circuit tracé il y a quelques années par Patrick Gilles et qui est devenu une sorte de mythe pour les cyclistes amateurs de longue distance et de dénivelé. Cet itinéraire forme une boucle de 360 km et un peu plus de 10000 m de dénivelé positif qui relie 7 grands cols à plus de 2000 m des Alpes du sud. On peut effectuer cette randonnée en partant de n'importe quel endroit de la boucle, au rythme que l'on veut, avec ou sans assistance. Mais pour accéder aux rangs de "Maître", "Grand Maître" ou "Chevalier", il faut réaliser le parcours dans un temps donné. 48 heures, ou 24 heures. Ces 7 Majeurs me chatouillaient depuis que je me suis mis un peu sérieusement au vélo, à l'hiver 2020. C'était un objectif à long terme. Mais, par le forum Cyclos-Cyclotes dédié au cyclotourisme, j'ai rencontré, virtuellement d'abord, quelques amateurs de bicyclettes. Et dans l'hiver 2021 a germé l'idée de faire le parcours avec quelques uns d'entre eux l'été suivant. Au printemps, j'ai rencontré Maurice initiateur du projet qui était venu jusque dans le Jura depuis sa Savoie, accompagné de deux autres membres du forum qui ne devaient pas participer à la bambée. Nous étions finalement 5 à nous retrouver à Jausiers début juillet 2021, pour boucler le circuit en 3 jours. L'un d'entre nous préférera aandonné et se "contenter" de randonnées en étoile depuis le camping. Il enchaînera néanmoins plusieurs "2000", comme le col de Vars, le col Agnel, la Cime de la Bonette ou la Cayolle.

 Nous avons donc décidé avec Maurice, cet hiver, de faire une nouvelle tentative sur les 7 Majeurs mais en 48h cette fois. La virée sur 3 jours l'an passé nous avait montré que c'était jouable. Maurice s'est occupé du découpage du parcours et après avoir envisagé un départ du camping de Saint-Crépin, Maurice a eu l'idée de couper l'Izoard en 2 et de partir de l'Hotel d'Izoard à Cervières. Ce qui signifiait une première étape avec 4 des cols sur 160 km puis les 3 autres sur 200. Pour l'étape intermédaire, tout était déjà calé puisque nous avions prévu de la faire à Demonte, à la Randoulina, qui nous avait fort bien accueilli pour manger (et dormir pour Maurice) l'été précédent.
Dans le plan initial, je pensais me rendre avec ma compagne en voiture passer un week-end du côté de Briançon et rentrer après les 7 Majeurs à vélo. Mais quand la date approcha, et comme elle revenait déjà des lacs italiens, elle préféra ne pas se retaper la route. Maurice m'avait dit qu'il ferait pour sa part la route jusqu'à Cervières à bicyclette, en passant par le Galibier. L'occasion était trop belle, pourquoi ne pas le rejoindre en train et partir avec lui de chez lui?

Le samedi 16 juillet, à 8h00, je suis sur le quai de la gare de Lons-le-Saunier avec mon biclou, direction Chambéry. Les TER pour Grésy-sur-Isère sont notés complets par l'application merdique SNCF Connect, je vais donc faire les 40 km restants à vélo, ce qui me fera un échauffement, ça tombe bien, j'ai très peu roulé les 15 jours précédents. Après quelques péripéties, j'arrive avec une heure de retard à Chambéry et prend la direction d'Albertville d'abord par le plutôt beau réseau cyclable chambérien puis par la vallonnée route des vignes. Petite pause pour manger à Montmélian et sous un soleil torride je parviens chez Maurice et Noella où nous nous retrouvons autour de quelques verres de bière et d'un bon repas. Après une nuit bien courte et agitée, comme souvent ces veilles de grand départ, nous nous mettons en route vers 5h30. Un grand faux plat montant (et quelques bosses) d'une soixantaine de bornes nous conduit à Saint-Michel de Maurienne, départ de la première difficulté du jour, le col du Télégraphe, ses 856 m de dénivellation sur 12 km à 7% de moyenne. Pour s'y préparer un café et quelques viennoiseries pris à la terrasse d'une boulangerie où l'on sent déjà l'ardeur d'un soleil qui risque de nous faire transpirer. Ce qu'il ne manquera pas de faire effectivement. La route qui mène au col, situé à un peu plus de 1500 m est en grande partie protégée par la forêt, ce qui permet de ménager un peu nos organismes. Mais je dois quand même faire le plein des bidons au col, et en profiter pour manger une part de pudding fournie par la maison Maurice et Noella et qui sera le dénominateur commun de toutes ces ascensions. La route descend ensuite doucement sur Valloire avant d'attaquer le deuxième col du jour, le fameux Galibier. Un petit Perrier en terrasse et c'est parti.


 La sortie de Valloire est plutôt raide et ça tape. 10 bornes plus loin, au milieu d'un flot incessant de véhicules motorisés et bruyants qui gâche un peu la rude beauté de ces montagnes, on atteint les 2000 m sans que la température ait beaucoup baissé. J'ai un peu le mental dans les chaussettes pour ce premier 2000 depuis les 7 Majeurs l'an passé. Je n'arrive pas à m'enlever de l'idée l'absurdité de griller du pétrole pour propulser 1.5 tonnes de ferraille à 2600 m juste pour que 150 kg de viande vivante et doté de jambes puissent faire un petit selfie au col. Ca me renvoie aussi à la propre absurdité de ma démarche.... On le verra, ce questionnement continuera de me suivre. La lecture de la BD de Blain et Jancovici "Un Monde sans Fin" en amont de ce voyage n'y est pas totalement étrangère. 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Je finis malgré tout par atteindre le col, bondé évidemment. 

 


Nous ne traînons pas, Maurice m'ayant largement précédé commence à se refroidir. Descente sur le Lautaret où la brasserie du col nous permet de nous sustenter d'une omelette.



Puis nous amorçons la descente sur Briançon à peine ralentis par la vague de chaleur étouffante qui monte de la vallée.

Il nous faut commencer à monter la route du col d'Izoard pour retrouver un peu de tranquillité. Et vers 16h30, nous arrivons à l’hôtel pour y déguster une binouze réparatrice et prendre possession de notre chambre. Les choses sérieuses commencent demain.....

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