Les 7 Majeurs, une tentative en 48h. Jour 3
19 juillet, 4h30, le réveil sonne. Le petit déjeuner italien est plus léger que de l'autre côté des Alpes, je suis mieux rôdé et j'ai toujours un peu d'appréhension pour cette grosse étape. Même si je sais que j'ai encore 24 heures pour finir dans les temps et ça me laisse largement le temps, faudrait-il rouler de nuit. Il est 5h15 quand nous partons. Une dizaine de kilomètres d'échauffement tranquille nous attendent avant Pratolungo, véritable départ de l'ascension du Col de la Lombarde. J'ai souvenir que les 9 premiers kilomètres sont costauds, mais que la fin est plus tranquille. Parti très tôt et un mardi, nous avons presque la route pour nous, ce qui nous change agréablement de l'année précédente. Je ne vais pas vous dire que c'était une promenade de santé, mais ça passe plutôt bien. Il n'est néanmoins pas si tôt quand nous arrivons au sommet.
Je me rappelle d'une route agréable pour descendre large et bien dessinée. On devrait rapidement être attablé devant un café croissant à Isola. La descente se passe bien, mais malgré le vent qui siffle, me parviennent des sifflements de Maurice qui trouve que son vélo a des réactions bizarres, après quelques contrôles de routine, nous reprenons la descente. Arrivés à Isola, un passage à la boulangerie où il n'y a pas de sandwiches puis arrêt au bistrot où l'on ne semble pas enchanté ni pressé de nous servir. Le temps s'étire un peu trop et nous voyons passer celle qui, je l'apprendrais plus tard, va remporter le BikingMan X. Nous finissons par être servis et reprenons la route vers Saint-Etienne de Tinée, où nous referons un arrêt ravitaillement et bistrot avant l'ascension de la Bonette.
Il fait déjà bien chaud quand nous attaquons cette longue "grimpette" et je vise tous les coins d'ombre qu nous offre les arbres qui bordent la partie basse de la montée. Mon pied droit continue à me causer du souci, Nous finissons par arriver à Bousiéyas, dernier point d'eau avant le sommet. Maurice était déjà là et avait fait le plein, je m'arrête un peu plus longtemps pour me rafraichir, détendre mon pied et tenter de modifier un peu le réglage de mes cales. Je repars, suis obligé de refaire une pause pour mon pied au camp des fourches.
Quand j'arrive au col de la Bonette, Maurice m'attend depuis un moment, il est déjà redescendu de la cime où il a fait sa photo de validation. Le ciel est bien noir. Il garde ma sacoche pendant que je m'attaque à cette affreuse rampe symbole de cette espèce de concours de zizi qui a conduit à tracer une route juste pour être un peu plus haut que l'Iseran. Ça m'avait déjà pas forcément emballé l'année dernière, mais dans mon humeur du moment, c'est pire. Je me hisse néanmoins, sur le vélo cette fois, jusqu'au monument où se presse une foule de motards. Je croise une famille monté en voiture que l'altitude de cette autoproclamée "plus haute route intervallée d'Europe" n'a visiblement pas réussi à arracher aux tracas du quotidien. J'interromps un instant les motards qui n'en finissent pas de se photographier devant le monument pour torcher vite fait la photo de mon clou devant la pierre et je file rejoindre Maurice alors que de grosses gouttes froides commencent à s'abattre sur nous.
Heureusement, ça semble cantonné au sommet et nous retrouvons rapidement un temps plus chaud à mesure que nous perdons de l'altitude. Une voiture italienne visiblement pas décidée à nous céder le passage, nous oblige à rester sur les freins. Je finis pas trouver un créneau pour le doubler, mais le con ne sera pas loin d'essayer de m'envoyer au tapis pour m'en empêcher. Nous le doublons néanmoins et descendons à très bon train sur Jausiers où nous espérons manger dans un snack que nous avions bien apprécié en 2021. La malédiction est sur nous, il est fermé! Nous trouverons à nous restaurer d'une crêpe et à faire quelques emplettes à la supérette avant de filer sur Vars. Mon pied est de plus en plus enflammé, je laisse Maurice aller son rythme et je vais du bien, avec plusieurs arrêts pour marcher un peu. A quelques kilomètres de l'arrivée, à la sortie d'un virage, un quad lancé à pleine vitesse en dérapage sur 3 roues manque de m'emplafonner. Arrivé au sommet, Maurice vient de finir sa bière et me demande si j'ai vu un mec en quad. Celui-ci venait de se voir refuser un verre en raison de son état d'ébriété avancé. J'ai eu chaud !
Il est déjà 19h et il reste plus de 60 bornes à parcourir. Maurice prévient l'hotel que nous arriverons entre 22 et 23h.
On fonce sur Guillestre. Et là commence le calvaire. la route Guillestre/Briançon est une purge. La chaleur est étouffante, la circulation importante et un vent fort et chaud a décidé de s'inviter ne nous laissant même pas le répit des quelques descentes de cette fin de parcours. Mon pied me fait toujours souffrir, nous faisons plusieurs pauses; A l'Argentière la Bessée, Maurice m'a un peu distancé, je m'arrête sous l'abri-bus, lui envoie un message pour lui dire de ne pas m'attendre que j'ai besoin de me refaire une santé. Je m'enfile un saucisson entier. Puis me remet en route. A 21 heures, je suis à Briançon, au pied de la route de l'Izoard. Je m'offre une bière avant d'attaquer les 10 derniers kilomètres que je ferai au phare. Il est 22h45 quand j'arrive en fin à l'hôtel où les patrons nous ont mitonné un repas des plus copieux et des plus réconfortants. Je les remercie pour leur chaleureux accueil à une heure où ils auraient pu prétendre à un repos bien mérité.
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